jeudi 6 décembre 2012

Stuck in the middle

Est-ce que c'est pareil pour tout le monde? Est-ce que tous les stades liminaux sont vécus de la même façon, dans un brouillamini confus et hésitant? Dans le perpétuel balancement entre attente, incertitude, doute et clarté, affirmation et confiance? Est-ce que je surestime la capacité qu'ont les gens à cacher leur dualité intérieure? à montrer que tout va bien et qu'ils maîtrisent la situation?
L'émotionnel accapare, aveugle-t-il ou bien met-il en lumière les zones de pénombres qui nous encombrent?
Ici bas, il ne fait que pointer du doigt ma constante duplicité. Pas à l'aise, pas adulte mais pas ado, pas en symbiose, pas compréhensive ni compréhensible, à mi-chemin entre le désir de plaire à tous et le désir d'élever le débat, avec pour pendants, la peur d'être rejetée et la peur de rejeter. Sans cesse, ces idées se heurtent et s'entremêlent. Je désire une forme d'harmonie qui lorsque sous la coupe de l'émotionnel me semble évidente à atteindre, je vois des modèles, des parangons de réussite tout autour de moi, et rationalisant la situation, je vois bien que c'est une idée fabriquée, un construit de mon imaginaire tordu par dix mille complexes et peurs terrées. Et puis après, comme rien n'est jamais acquis, je me dis que ce n'est pas à moi ni qui que ce soit de vouloir élever quoi que ce soit, d'où en ai-je le droit? qui me proclame plus apte à pseudo-élever des êtres? Les parents le peuvent-ils? Déjà, je renie cette idée, les parents ne possèdent pas l'enfant. Ensuite, mes pensées, mes émotions invalident sans cesse le bien-fondé de l'école, de ses apprentissages, de ses rythmes, de ses obligations, de ses veto.
Je n'aime pas être un cadre.
J'aime plutôt être une fenêtre.
Mais puis-je réellement en être une? Il manque tellement de liant. Ce ne sont que des clous, du bois, et des carreaux épars. Rien de solide. Rien de droit.
Comment peut-on croire qu'on fait du bon travail quand on ne sait jamais quelle réception il peut y en avoir? Alors l'école devient enchaînement d'absurdités, un long et profond ennui de l'être, une vaine occupation...

samedi 2 juin 2012

Le néo-paganisme : USA vs FRANCE

Le néo-paganisme est apparu vers la fin du 19è siècle, incluant dans ce mouvement la résurgence du druidisme (Grande Bretagne, Irlande),  de l'Odinisme (pays Scandinaves), de l'hellénisme, du panthéisme, mais aussi l'apparition de la wicca, religion à part entière. Il s'est aussi vu greffer le mouvement New Age au 20è siècle, connaissant un certains succès dans les pays anglo-saxons, notamment aux États-Unis. Selon plusieurs sondages, les USA compteraient 200 000 (Stats Canada, en 2001) à 800 000 païens (The Covenant Goddess, en 2000)*. Dans l'espoir d'être reconnus, les néo-païens ont souhaité une réunification en 1998 au sein du Congrès mondial des religions ethniques (WCER).

Au vu de la multiplicité des origines géographiques et culturelles des mouvements néo-païens apparaissant en pointillé sur le canevas des religions, on peut aisément conclure qu'il existe de nombreuses divergences de pratiques, de croyances, et de traditions. Ces dernières reflètent en effet un mode de vie, une mentalité, une histoire et des us et coutumes qui varient d'un pays à l'autre.

Quand on regarde les reportages sur le paganisme et la sorcellerie (deux notions différentes, mais souvent entremêlées), on constate que : 
- les reportages sont presque tous en anglais
- les acteurs de cette mouvance ont souvent autour de 45 ans

C'est dans les années 60 que le néo-paganisme a réellement été entendu, et en quelque sorte démocratisé. Il est intéressant de constater que le fort mouvement féministe apparu à la même période, et le phénomène de la contre-culture ont vu fleurir de nombreux théoriciens, et de nombreux porte-paroles qui ont contribué à faire connaître le paganisme et la wicca aux États-Unis.

Pendant que les manifestations aux USA étaient menées par des personnes comme Starhawk, en France, il y avait Simone de Beauvoir, incarnant le féminisme intellectuel. Finalement, les phénomènes qui se sont développés dans les pays Anglo-saxons et en France traduisent la pensée locale : aux USA, on fait plus confiance en une personne spirituelle, alors qu'en France, c'est la rationalité qui prime. Mais là où en France, le combat était surtout mené par les élites intellectuelles, j'ai l'impression qu'aux États-Unis par exemple, Starhawk ne touchait pas seulement l'élite, mais un peu toutes les couches de la population.
Starhawk

Simone de Beauvoir

Le cas de la libération de la femme est peut-être représentatif de ce phénomène : en France, c'était de l'ordre de la rébellion intellectuelle, alors qu'aux USA, cela touchait AUSSI la sphère spirituelle, et ce n'est pas si étonnant quand on voit l'influence de la foi -toutes religions confondues- aux USA.

C'est assez intéressant de constater les différentes directions prises... En France, il aurait été compliqué de mettre en avant un tel mouvement, vue la tradition laïque et athée omniprésente, (stricte séparation de l’Église et de l’État depuis 1905) les croyances religieuses étant vues principalement comme des superstitions par l’intelligentsia française... Il n'y a qu'à voir l'analyse statistique de l'athéisme en Europe, la France remporte le premier prix avec 35% d'athées :


Aux États-Unis par contre, les croyances religieuses sont très prégnantes, 48 états oscillent entre 70 et 90 % de population se qualifiant de religieuse :

Pour la France (malheureusement, la carte ne montre que la croyance monothéiste en Dieu, mais cela ne doit cependant pas atteindre les sommets américains!), 35% semble concerné : 

Ainsi, les jeunes impliqués dans la révolution féministe/la contre-culture étaient aussi touchés par le mouvement Reclaiming mêlant féminisme et magie (initié par Starhawk), donnant naissance à la "popularisation" du néo-paganisme, de la wicca et la création de covens. Cela expliquerait que les païens anglo-saxons impliqués dans des covens aient pour les plus jeunes 45 ans. En effet, ces derniers ont été élevés dans la mouvance révolutionnaire intellectuelle, humaniste et spirituelle des 60s. 

Par contre, du côté de la France, le versant spirituel n'est pas apparu au même moment. Le néo-paganisme semble avoir touché de façon plus étendue les français vers les années 80-90, mouvement directement importé des USA via les séries, les films, et les romans fantastiques. Il y avait certainement quelques païens qui lisaient toute la littérature reclaiming, sorcière, et magique outre-manche, mais il me semble que ces croyances et cette pratique se soient installées dans les années 90. J'ai moi-même été attirée par cette voie-là via les séries comme Charmed, où les sexy soeurs Halliwell découvrent les pouvoirs qui les unissent et combattent d'éternels démons ; Buffy où son amie Willow, l'intello de la bande, découvre la magie à travers un cercle de sorcières à l'université et ses pouvoirs se développent de façon fulgurante, à travers plus récemment Vampire Diaries, The Secret Circle avec en têtes d'affiches des ados héroïques, spéciaux, uniques. A travers le cinéma aussi dans Les Sorcières d'Eastwick en 1988, trio farfelu de femmes se révélant grandes sorcières et par la même bombasses, The Craft en 1995, quatuor d'amies rebelles et rejetées par la norma adolescente et ses codes trouvant alors leurs identités dans la sorcellerie, Les ensorceleuses en 1998, duo de soeurs vivant une épopée sentimentale et dramatique saupoudrée de magie, etc. etc.

Charmed

The Craft

La magie y est toujours représentée comme étant : un phénomène communautaire (groupes d'amies, covens), rendant des individus "average" (ados paumés, intellos, filles légères) merveilleux, héroïques, parfois maléfiques, mais leur conférant une intensité et une unicité qu'ils n'auraient jamais connue sans la magie. 

 Rituel du Secret Circle

Je pense que pour beaucoup de jeunes français, cette vague médiatique de la sorcière branchée a constitué une inspiration et une première porte d'entrée dans le monde de la magie, de la sorcellerie, puis dans le néo-paganisme. La pratique païenne en France semble encore à ses balbutiements : beaucoup pratiquent seuls, témoignent d'une forme de foi, de croyance, mais vivent cachés, n'osant pas sortir du placard à balais, sclérosés par cette mentalité très athée et cartésienne qui domine la pensée française.

Pour conclure cette vague et rapide analyse non-représentative de la richesse polymorphe de la réalité, je souhaiterais avoir vos avis : selon vous, qu'est-ce qui a construit le mouvement néo-païen en France, aux USA? Ailleurs? Quelles autres différences constatez-vous?

* voir le site de statistiques http://www.religioustolerance.org/wic_nbr2.htm qui énumère les différents sondages réalisés à ce sujet.

dimanche 27 mai 2012

Le Peuple de l'Invisible

Je conseille cet excellent documentaire de Jean-Michel Roux sur le peuple de l'invisible. Il est allé interroger des habitants islandais au sujet de leurs croyances et des légendes peuplant les esprits. Beaucoup de témoignages intrigants au sujet des elfes notamment. Un beau voyage dans la culture et l'imaginaire nordique...


dimanche 19 février 2012

Chiaroscuro romance with the sea

 
 
 
  
Les coquillages se perdent dans la chevelure ondulatoire de la mer. 
Nos idéaux, portés par le remous des vagues iodées, fusionnent.

lundi 13 février 2012

Floral kisses and sunset goodbyes, 
the sound of holy devils singing "die, die, die!" 
The earth split up, and dreams fell apart; 
it is the midnight glory, 
the crucial lie, so lonely, 
crawling itself a way into your veins; 
dark flowing vessels carrying Charon's message, 
carving the oblivion in our language: 
life after death after life after what? 
what is the goal after all? 
This maze we're caught in 
is nothing but a craze we've bought, dear; 
ten thousands squid embryos looking at us; 
sad sad eyes attempting to drown humanity 
and sink it into despair. 
Enfolding their black preened wings 
to enrapture our self-loathed souls lacking seeds of humanity; 
Encouraging dark mean links to grow and stir 
the holy devils raging inside instinctively.
As you vanish like a dying star in the twilight of your thoughts;
I'd love to pick you like a delicate forget-me-nots,
caught in the magic web of words
-sometimes sweet, sometimes sour
invocations of thy name; thy joy; thy sorrow.
As you're darting though the dark forest of dreams,
setting fire to the daffodils;
I crave to follow you;
tiny dragonfly hanging on your wings
and waving sweet goodbye to the older you and me.
If lovers have to die,
dreamers should one day part,
eternity is but a beloved lie
adorned with promises of the lark.
In the reverie of one night,
I foresee the destiny of thy bleeding heart;
glowing unforgiven tears;
concealed with loathsome happy smiles.
Could thou be more paradoxical,
hidden in your cabin of fantasies-how magical-
daydreaming this crappy carousel would one day end?
Admired for your contradiction,
my walking enigma;
I shall never touch your pure aura
for fear my love diluted your sweet apparition.

mardi 17 janvier 2012

Le beau? (notes brouillonnes)

On dit que la beauté est subjective. Mais on dit aussi que le beau n'est que l'équation de l'harmonie et de la symétrie. On trouve beaux ceux avec qui on veut secrètement se reproduire, pour la survie d'une espèce belle. Mais moi je crois surtout que le beau équivaut à ce qui n'est pas dérangeant visuellement, cela se rapproche de la symétrie, d'un aspect manifestement lisse.

Certains associent l'idée du beau à celle de "l'agréable". Mais le beau n'implique généralement que la vue. L'agréable implique les autres sens, et touche à la notion de plaisir qui est une sensation corporelle. Mais le lien beauté/plaisir ne tient pas la route car la personne jugée belle ne garantit pas de "plaisir" pour autant! Le plaisir ressenti face à sa contemplation ressemble à celui ressenti lors de la contemplation d'une statue, d'un tableau, d'un paysage que l'on trouve esthétiquement harmonieux, stable, régulier. Certes, une certaine beauté se dégage d'une personne vivante en mouvement, mais dans cette "contemplation", on ne peut s'y perdre, ni mettre tellement du nôtre comme dans une oeuvre d'art immobile-réceptacle de nos projections et désirs. Face à la belle personne, nous sommes aussi attirés par la conjugaison nouvelle des sens et du mouvement (non trouvée dans la contemplation d'oeuvres d'art). Ce qui nous attire dans la "beauté animée" de la belle personne, c'est son aspect nouveau, autre mais proche, partenaire sexuel potentiel identique mais différent, identique et dans cette similarité on y retrouve le point commun avec la contemplation de ses propres idées dans une oeuvre : on contemple un peu de soi et de ses projections dans autrui ; autrui demeure dans ces moments-là le fameux miroir agréable. Mais dans cet aspect nouveau de l'autre se loge aussi une quête de soi : on est attiré par la nouveauté, car elle représente ce que nous n'avons pas exploré, ce que nous ne connaissons pas de nous : l'autre qui nous attire demeure notre lien vers le monde. Sans autrui, nous vivons dans le pur solipsisme, et sans notre engagement envers autrui, le désir irrationnel de le suivre, l'impulsion grégaire de s'entourer de monde autour de nous fait qu'autrui nous sert un peu de fil d'Ariane dans le dédale vivant que nous traversons quotidiennement, presque aveuglement.

La beauté plastique ne m'émeut pas tant : je la contemple, je m'y perds (dans l'harmonie parfaite), j'y contemple mes propres songes/pensées, mais je ne suis pas "aroused". Par contre, ce qui me fait plus d'effet, c'est l'Eros absolu : le voilé/dévoilé, laisser entrevoir, cela attise le désir et donc le plaisir (bien que le plaisir puisse aussi naître de la contemplation du beau), mais c'est un vrai plaisir-quête de +/désir. Pour moi, la beauté seule n'est pas suffisante, je préfère qu'elle soit animée par une chaleur, un désir de vivre, une certaine impétuosité, qu'elle incarne ce que je n'ose pas être et admire, et aimerais devenir. Mais le désir s'instaure souvent pour des êtres qui ont plus vécu, qui ont ce bonus d'expériences, car ce sont des fils d'Ariane plus intéressants que ceux qui en savent autant que moi. J'aime qu'être avec cette personne soit à la fois un défi et l'impression d'être avec un pair, un sentiment constant de jouer sa place et d'être avec les siens, à sa place.