mardi 4 mai 2010

Texte tout informel et pourri sur l'avenir

Je trouve ça marrant. Je lis certains blogs de gens de mon âge, des étudiants, des jeunes... et y a comme un invariant culturel qui est là, un peu partout, mais pas toujours partout non plus pour pas caricaturer LE jeune. Mais je remarque que tout le monde est professionnellement paumé. La plupart de mes comparses littéraires ont peur de l'avenir professionnel, et je le comprends carrément. On fait de belles études, on s'est défoncé la tronche en prépa, et puis on nous dit qu'on pourra au mieux être prof en zep dans une banlieue perrave. C'est sûr, y a de quoi se remettre en question. Mais y a aussi souvent pas mal de jeunots bien éduqués qui souhaitent faire de beaux métiers, en accord avec leurs belles études. Et c'est clair que c'est une forme de récompense financière et sociale. Mais sérieusement, comment est-ce possible quand on ne veut pas être prof? C'est la galère. Je sais que c'est une question vue et rata-vue, mais là, je crois que ces interrogations se font redondantes pour une raison évidente : on arrive au roundabout là! Alors on décide quoi? Parce qu'on va pas se toucher encore 5 ans... C'est soit on continue tout droit vers le doctorat, soit on bifurque et on bosse. Et ça fait p****de sa race peur. Enfin, on est libérés de tous ces préjugés à la con qu'on nous fourre dans le cerveau en prépa, comme quoi on est l'élite, on est beaux intelligents et supérieurs et on va conquérir le monde. C'est tout nul, parce qu'on y croit vraiment une fois sortis de cette institution. On se dit que notre cerveau va être gardé dans un bocal rempli de formol a notre mort et exposé au Theatrum Anatomicum tellement on est puissants, on se dit qu'on sera dans les revues littéraires et on s'imagine déjà passer dans Ubik ou le Bateau Livre (on pense à notre speech on le mime devant le miroir de la salle de bain vêtu comme un dandy nonchalant) et être tout encensés. Mais les artistes et les écrivains ne sont pas payés, alors déjà, on peut oublier cette activité comme source de revenu principal. On peut s'imaginer comme illustre prof a l'ens ou en prépa et écrivain à coté. Mais quand on commence sa carrière de prof, on oublie tout ce qu'on a appris et on devient gardien de bergerie ou dresseur de bergers allemands. C'est nul l'enseignement, c'est nul à l'heure d'aujourd'hui. Pourtant, j'enseigne dans un établissement assez cool, avec des élèves pas trop merdiques. Mais une chose que j'aurai apprise ici : si on se lance à fond dans cette voie là, on est sûrs d'être déçu, incroyablement déçu. Je crois qu'il faut voir cette profession comme alimentaire et ne pas s'investir émotionnellement pour échapper à l'immense déception et désarroi. C'est affreux, j'en ai déprimé et chialé, alors que je le répète, mon établissement est plutôt cool. Mais c'est bien simple, tout du long de la journée, 20 paires d'yeux nous matent, et au moindre faux pas, à la moindre hésitation, dérapage, tu peux être sûr qu'ils vont pas te rater. Il faut pouvoir encaisser ça tous les jours en se disant "c'est pas personnel, c'est pas contre moi". Il le faut. Moi j'y arrive pas. J'ai essayé cette année, là je peux dire que ça va bien, mais après 9 mois de fréquentation des mêmes classes, après une relation de confiance instaurée avec les élèves etc... une conquête progressive de mon auditoire... Il suffit qu'un élève fasse le con, tout peut très vite se retourner contre nous, tout = une classe. Je pourrais exercer ce métier, avoir une assise financière, etc. Mais à quel prix? Pour le moment, je sais que je n'ai pas assez de bouteille et que je serais dégoûtée (à nouveau). Mon idée c'est d'aller aussi loin que possible niveau études, car j'ai besoin de stimuler mon cerveau, et d'apprendre. Une année sans apprendre m'aura convaincue que j'aimais vraiment les études! Ensuite, prof-chercheur me tenterait carrément, pour pouvoir continuer mes recherches, continuer la stimulation cérébrale, et enseigner un peu à des grands car il faut bien gagner sa vie! Si je n'y arrive pas, je ferai un métier moins ambitieux, mais qui devra m'intéresser et surtout me laisser du temps et de la paix pour pouvoir continuer à écrire, publier, m'instruire, connaître les lettres et les plantes! Travailler dans une librairie, un bar, une boulangerie, moi je dis OUI! en plus, j'en rêve, car je ne connais pas ces milieux tellement, et j'ai envie d'élargir mes expériences professionnelles. Alors oui, je veux bien faire un job a 35h et pouvoir être mentalement aérée pour écrire une fois chez moi! Pas comme prof, ou on bosse moins numériquement parlant, mais où la rancune et la haine macèrent et nous fabriquent des tumeurs dégueulasses! Bien sûr, je suis encore jeune et inexpérimentée, avec une vision un peu triso et simpliste de la vie active, il n'empêche que j'ai pas envie de me retrouver dans un boulot où il y a une relation de pouvoir et d'autorité suprême avec l'autre.
rajout : une anecdote bien dégueulasse et injuste. Hier, une française qui squatte une semaine dans la maison de ma proprio -car elle kiffe trop Dublin- m'a dit qu'elle avait été retenue pour un poste de PROF à l'UNIVERSITE de Dublin. Pourquoi ai-je besoin de le signaler ici? Car je me dis qu'il faut s'arracher le cul pour avoir ce qu'on veut, et elle, elle a juste eu à dire qu'elle avait été étudiante ici en Irlande à sa fac en partenariat avec celle de Dublin. Elle a qu'un master, pas de doctorat, pas de qualification. Elle va bosser comme prof, on va lui payer son phD (doctorat), 9h de cours par semaine à enseigner, 2000€ par mois. Bref, là je me suis touchée. A quoi çà sert quand on a des RELATIONS de devoir s'arracher le cul? Ca m'a vraiment mise en face de cette vérité florissante (un peu de lyrisme dans ce courroux!) : il n'y a que les relations et le piston qui marchent VRAIMENT dans le milieu de l'enseignement supérieur, et ce sera de plus en plus comme ça, malheureusement... tant mieux pour elle, je ne suis pas jalouse, juste hallucinée quoiqu'un peu dégoûtée. De toutes façons, si j'avais une opportunité telle que celle-ci, je la refuserai car je ne reviendrai plus vivre dans un pays anglosaxon, froid, gris, et tellement moins intéressant que la France. (et non, ce n'est pas de la mauvaise foi, ah ah!)

2 commentaires:

Finiderire a dit…

Bonsoir,

Je dirais qu'il faut trouver un équilibre. Une vie facile n'a aucun mérite à être vécue.

"je ne reviendrai plus vivre dans un pays anglosaxon, froid, gris" Pour ma part j'ai choisi Marseille.

a+, =)
-=Finiderire=-

PS:je suis arrivé là via Facebook

Nyx a dit…

Salut Finiderire ;-)
100% d'accord avec toi. Merci pour ton passage ici, je me demande qui se cache derrière ce pseudo tout sourire ^^