jeudi 5 décembre 2013

Nuit de décembre

Une nuit de décembre, charmée par le chant brumal
J'abandonnais la profonde torpeur végétale
Pour m'élancer jusque dans les bras de Séléné
Et lui confier mes rêves orphelins délaissés.

J'avançais donc guidée par les sanglots des fées
Et par les mutiques soupirs que la nuit avalait ;
Alors je parlais au vent, unique confident,
Car lui seul semblait m'écouter au coeur du néant.

La nuée m'enveloppait d'un doux voile
Et le ciel m'offrait ses regards aimants. 
Sous la bienveillance de la lune opale.
Je déposais quelques secrets ardents.


Les arbres recroquevillés sur mon passage
Comme des longs doigts plantés sur le rivage
Révélaient timidement le sentier
Que ma solitude avait dessiné.

Un lourd silence m'emplissait de plus belle
Inondant la forêt de cette ritournelle
Et son long et vrombissant murmure
Apaisait mes mystérieuses blessures.

mardi 19 novembre 2013

Solitude

Assez régulièrement, surtout à l'approche de l'hiver, j'éprouve une sorte de mini nervous breakdown. Évidemment, le climat nous fatigue davantage, nous sommes fragilisés, mais pas seulement. J'ai souvent cette impression/intuition que le rythme extérieur à nous (saison, déroulement de l'année scolaire...) influence complètement notre climat interne. Je me sens complètement balayée par le vent, érodée par la pluie, et la nuit se fait en moi de plus en plus. Je perds les liens tissés durant l'année à mesure que les feuilles tombent et jonchent le sol de couleurs d'autrefois et de bons moments passés. Tout cycle impose une métamorphose, les élagages sont aussi nécessaires que les périodes d'efflorescence. C'est juste qu'il n'est pas toujours aisé de laisser la morsure du froid entrer et épurer les vestiges des saisons chaudes. Alors la solitude s'impose comme étant la suite logique des évènements, car l'hiver se vit en soi, et non dans l'opulence et la cuisante chaleur des feux de bois... Cette période de dépouillement et de recentrage me semble nécessaire. D'habitude, mes émotions sont toujours un peu engourdies par l'agitation ambiante. Je suis happée dans une spirale et ne m'en porte pas si mal. Disons que je ne pense pas avoir le gêne du "control freak" très prononcé... Mais à l'approche de cette mise à nu hiémale, les sonorités, les couleurs, les émotions qui flottent autour de moi me semblent accrues... J'ai du mal à m'en détacher, elles m'exaspèrent, elles m'envahissent. Tout est magnifié, amplifié, et j'ai l'impression que je ne vais jamais pouvoir continuer à ce rythme. Les piles de papier s'amoncellent, les contraintes semblent se cristalliser comme des étoiles de glace tranchantes, et je ne sais plus gratter le plaisir caché sous cette terre sèche et frigorifique. Un cri m'écorche, un râle m'abat, et cette hypersensibilité momentanée n'est pas du tout la bienvenue. Mais si je la rejette, je rejette aussi la transformation qui accompagne naturellement l'année... Je me demande juste si c'est vraiment sporadique, dépendant du contexte, ou si cette impression va perdurer et prendre une forme beaucoup plus concrète dans les mois à venir. Est-ce que le sentiment de "trop plein" va permettre d'achever la transformation? Est-ce que je daignerai réaliser tous les projets qui me tiennent à coeur et demandent une discipline de fer? Ou est-ce que j'intégrerai toute cette partie là comme un "mal nécessaire"? Pourtant, je ne vois pas en quoi un mal non intériorisé comme pouvant être utile peut nous aider... s'il est encore extérieur, c'est que nous ne pouvons ou ne sommes pas prêts à l'accueillir. Je n'aime pas trop hâter les choses, je sais que la simple prise de conscience permet un travail liminaire qui débouchera sur une action finale.
C'est dingue comment c'est toujours la même chose chaque année, à peu de choses près... En octobre, je savoure les derniers instants de douceur, chaleur, en novembre/décembre, je fais une cure d'ascétisme émotionnel/relationnel..., en janvier, je recommence à fomenter des plans, des projets, tout doucement.. en février/mars les choses refleurissent peu à peu, et j'esquisse quelques brouillons, les pulsions se font beaucoup plus fortes. en avril/mai, c'est l'acmé relationnelle, créative et instinctuelle. en juin/juillet, je m'arrête soudain, tout me semble figé. en août/septembre, je me hâte, et médite beaucoup plus, puis l'année boucle la boucle fin octobre, au zénith parfait entre débris de plaisir, méditation-recentrage et épurement. J'aime l'automne pour la douceur qu'elle dégage, la caresse du froid qui crée un rééquilibrage. L'été me laisse complètement atone, neutre, le printemps me submerge trop, et l'hiver demande une certaine lutte de territoires pas toujours évidents à concéder. Mais pourtant, je crois que j'aime cette influence saturnienne, car je sais qu'elle m'apporte ce que je ne fabrique pas naturellement.

jeudi 6 décembre 2012

Stuck in the middle

Est-ce que c'est pareil pour tout le monde? Est-ce que tous les stades liminaux sont vécus de la même façon, dans un brouillamini confus et hésitant? Dans le perpétuel balancement entre attente, incertitude, doute et clarté, affirmation et confiance? Est-ce que je surestime la capacité qu'ont les gens à cacher leur dualité intérieure? à montrer que tout va bien et qu'ils maîtrisent la situation?
L'émotionnel accapare, aveugle-t-il ou bien met-il en lumière les zones de pénombres qui nous encombrent?
Ici bas, il ne fait que pointer du doigt ma constante duplicité. Pas à l'aise, pas adulte mais pas ado, pas en symbiose, pas compréhensive ni compréhensible, à mi-chemin entre le désir de plaire à tous et le désir d'élever le débat, avec pour pendants, la peur d'être rejetée et la peur de rejeter. Sans cesse, ces idées se heurtent et s'entremêlent. Je désire une forme d'harmonie qui lorsque sous la coupe de l'émotionnel me semble évidente à atteindre, je vois des modèles, des parangons de réussite tout autour de moi, et rationalisant la situation, je vois bien que c'est une idée fabriquée, un construit de mon imaginaire tordu par dix mille complexes et peurs terrées. Et puis après, comme rien n'est jamais acquis, je me dis que ce n'est pas à moi ni qui que ce soit de vouloir élever quoi que ce soit, d'où en ai-je le droit? qui me proclame plus apte à pseudo-élever des êtres? Les parents le peuvent-ils? Déjà, je renie cette idée, les parents ne possèdent pas l'enfant. Ensuite, mes pensées, mes émotions invalident sans cesse le bien-fondé de l'école, de ses apprentissages, de ses rythmes, de ses obligations, de ses veto.
Je n'aime pas être un cadre.
J'aime plutôt être une fenêtre.
Mais puis-je réellement en être une? Il manque tellement de liant. Ce ne sont que des clous, du bois, et des carreaux épars. Rien de solide. Rien de droit.
Comment peut-on croire qu'on fait du bon travail quand on ne sait jamais quelle réception il peut y en avoir? Alors l'école devient enchaînement d'absurdités, un long et profond ennui de l'être, une vaine occupation...

samedi 2 juin 2012

Le néo-paganisme : USA vs FRANCE

Le néo-paganisme est apparu vers la fin du 19è siècle, incluant dans ce mouvement la résurgence du druidisme (Grande Bretagne, Irlande),  de l'Odinisme (pays Scandinaves), de l'hellénisme, du panthéisme, mais aussi l'apparition de la wicca, religion à part entière. Il s'est aussi vu greffer le mouvement New Age au 20è siècle, connaissant un certains succès dans les pays anglo-saxons, notamment aux États-Unis. Selon plusieurs sondages, les USA compteraient 200 000 (Stats Canada, en 2001) à 800 000 païens (The Covenant Goddess, en 2000)*. Dans l'espoir d'être reconnus, les néo-païens ont souhaité une réunification en 1998 au sein du Congrès mondial des religions ethniques (WCER).

Au vu de la multiplicité des origines géographiques et culturelles des mouvements néo-païens apparaissant en pointillé sur le canevas des religions, on peut aisément conclure qu'il existe de nombreuses divergences de pratiques, de croyances, et de traditions. Ces dernières reflètent en effet un mode de vie, une mentalité, une histoire et des us et coutumes qui varient d'un pays à l'autre.

Quand on regarde les reportages sur le paganisme et la sorcellerie (deux notions différentes, mais souvent entremêlées), on constate que : 
- les reportages sont presque tous en anglais
- les acteurs de cette mouvance ont souvent autour de 45 ans

C'est dans les années 60 que le néo-paganisme a réellement été entendu, et en quelque sorte démocratisé. Il est intéressant de constater que le fort mouvement féministe apparu à la même période, et le phénomène de la contre-culture ont vu fleurir de nombreux théoriciens, et de nombreux porte-paroles qui ont contribué à faire connaître le paganisme et la wicca aux États-Unis.

Pendant que les manifestations aux USA étaient menées par des personnes comme Starhawk, en France, il y avait Simone de Beauvoir, incarnant le féminisme intellectuel. Finalement, les phénomènes qui se sont développés dans les pays Anglo-saxons et en France traduisent la pensée locale : aux USA, on fait plus confiance en une personne spirituelle, alors qu'en France, c'est la rationalité qui prime. Mais là où en France, le combat était surtout mené par les élites intellectuelles, j'ai l'impression qu'aux États-Unis par exemple, Starhawk ne touchait pas seulement l'élite, mais un peu toutes les couches de la population.
Starhawk

Simone de Beauvoir

Le cas de la libération de la femme est peut-être représentatif de ce phénomène : en France, c'était de l'ordre de la rébellion intellectuelle, alors qu'aux USA, cela touchait AUSSI la sphère spirituelle, et ce n'est pas si étonnant quand on voit l'influence de la foi -toutes religions confondues- aux USA.

C'est assez intéressant de constater les différentes directions prises... En France, il aurait été compliqué de mettre en avant un tel mouvement, vue la tradition laïque et athée omniprésente, (stricte séparation de l’Église et de l’État depuis 1905) les croyances religieuses étant vues principalement comme des superstitions par l’intelligentsia française... Il n'y a qu'à voir l'analyse statistique de l'athéisme en Europe, la France remporte le premier prix avec 35% d'athées :


Aux États-Unis par contre, les croyances religieuses sont très prégnantes, 48 états oscillent entre 70 et 90 % de population se qualifiant de religieuse :

Pour la France (malheureusement, la carte ne montre que la croyance monothéiste en Dieu, mais cela ne doit cependant pas atteindre les sommets américains!), 35% semble concerné : 

Ainsi, les jeunes impliqués dans la révolution féministe/la contre-culture étaient aussi touchés par le mouvement Reclaiming mêlant féminisme et magie (initié par Starhawk), donnant naissance à la "popularisation" du néo-paganisme, de la wicca et la création de covens. Cela expliquerait que les païens anglo-saxons impliqués dans des covens aient pour les plus jeunes 45 ans. En effet, ces derniers ont été élevés dans la mouvance révolutionnaire intellectuelle, humaniste et spirituelle des 60s. 

Par contre, du côté de la France, le versant spirituel n'est pas apparu au même moment. Le néo-paganisme semble avoir touché de façon plus étendue les français vers les années 80-90, mouvement directement importé des USA via les séries, les films, et les romans fantastiques. Il y avait certainement quelques païens qui lisaient toute la littérature reclaiming, sorcière, et magique outre-manche, mais il me semble que ces croyances et cette pratique se soient installées dans les années 90. J'ai moi-même été attirée par cette voie-là via les séries comme Charmed, où les sexy soeurs Halliwell découvrent les pouvoirs qui les unissent et combattent d'éternels démons ; Buffy où son amie Willow, l'intello de la bande, découvre la magie à travers un cercle de sorcières à l'université et ses pouvoirs se développent de façon fulgurante, à travers plus récemment Vampire Diaries, The Secret Circle avec en têtes d'affiches des ados héroïques, spéciaux, uniques. A travers le cinéma aussi dans Les Sorcières d'Eastwick en 1988, trio farfelu de femmes se révélant grandes sorcières et par la même bombasses, The Craft en 1995, quatuor d'amies rebelles et rejetées par la norma adolescente et ses codes trouvant alors leurs identités dans la sorcellerie, Les ensorceleuses en 1998, duo de soeurs vivant une épopée sentimentale et dramatique saupoudrée de magie, etc. etc.

Charmed

The Craft

La magie y est toujours représentée comme étant : un phénomène communautaire (groupes d'amies, covens), rendant des individus "average" (ados paumés, intellos, filles légères) merveilleux, héroïques, parfois maléfiques, mais leur conférant une intensité et une unicité qu'ils n'auraient jamais connue sans la magie. 

 Rituel du Secret Circle

Je pense que pour beaucoup de jeunes français, cette vague médiatique de la sorcière branchée a constitué une inspiration et une première porte d'entrée dans le monde de la magie, de la sorcellerie, puis dans le néo-paganisme. La pratique païenne en France semble encore à ses balbutiements : beaucoup pratiquent seuls, témoignent d'une forme de foi, de croyance, mais vivent cachés, n'osant pas sortir du placard à balais, sclérosés par cette mentalité très athée et cartésienne qui domine la pensée française.

Pour conclure cette vague et rapide analyse non-représentative de la richesse polymorphe de la réalité, je souhaiterais avoir vos avis : selon vous, qu'est-ce qui a construit le mouvement néo-païen en France, aux USA? Ailleurs? Quelles autres différences constatez-vous?

* voir le site de statistiques http://www.religioustolerance.org/wic_nbr2.htm qui énumère les différents sondages réalisés à ce sujet.

dimanche 27 mai 2012

Le Peuple de l'Invisible

Je conseille cet excellent documentaire de Jean-Michel Roux sur le peuple de l'invisible. Il est allé interroger des habitants islandais au sujet de leurs croyances et des légendes peuplant les esprits. Beaucoup de témoignages intrigants au sujet des elfes notamment. Un beau voyage dans la culture et l'imaginaire nordique...


dimanche 19 février 2012

Chiaroscuro romance with the sea

 
 
 
  
Les coquillages se perdent dans la chevelure ondulatoire de la mer. 
Nos idéaux, portés par le remous des vagues iodées, fusionnent.