mardi 17 janvier 2012

Le beau? (notes brouillonnes)

On dit que la beauté est subjective. Mais on dit aussi que le beau n'est que l'équation de l'harmonie et de la symétrie. On trouve beaux ceux avec qui on veut secrètement se reproduire, pour la survie d'une espèce belle. Mais moi je crois surtout que le beau équivaut à ce qui n'est pas dérangeant visuellement, cela se rapproche de la symétrie, d'un aspect manifestement lisse.

Certains associent l'idée du beau à celle de "l'agréable". Mais le beau n'implique généralement que la vue. L'agréable implique les autres sens, et touche à la notion de plaisir qui est une sensation corporelle. Mais le lien beauté/plaisir ne tient pas la route car la personne jugée belle ne garantit pas de "plaisir" pour autant! Le plaisir ressenti face à sa contemplation ressemble à celui ressenti lors de la contemplation d'une statue, d'un tableau, d'un paysage que l'on trouve esthétiquement harmonieux, stable, régulier. Certes, une certaine beauté se dégage d'une personne vivante en mouvement, mais dans cette "contemplation", on ne peut s'y perdre, ni mettre tellement du nôtre comme dans une oeuvre d'art immobile-réceptacle de nos projections et désirs. Face à la belle personne, nous sommes aussi attirés par la conjugaison nouvelle des sens et du mouvement (non trouvée dans la contemplation d'oeuvres d'art). Ce qui nous attire dans la "beauté animée" de la belle personne, c'est son aspect nouveau, autre mais proche, partenaire sexuel potentiel identique mais différent, identique et dans cette similarité on y retrouve le point commun avec la contemplation de ses propres idées dans une oeuvre : on contemple un peu de soi et de ses projections dans autrui ; autrui demeure dans ces moments-là le fameux miroir agréable. Mais dans cet aspect nouveau de l'autre se loge aussi une quête de soi : on est attiré par la nouveauté, car elle représente ce que nous n'avons pas exploré, ce que nous ne connaissons pas de nous : l'autre qui nous attire demeure notre lien vers le monde. Sans autrui, nous vivons dans le pur solipsisme, et sans notre engagement envers autrui, le désir irrationnel de le suivre, l'impulsion grégaire de s'entourer de monde autour de nous fait qu'autrui nous sert un peu de fil d'Ariane dans le dédale vivant que nous traversons quotidiennement, presque aveuglement.

La beauté plastique ne m'émeut pas tant : je la contemple, je m'y perds (dans l'harmonie parfaite), j'y contemple mes propres songes/pensées, mais je ne suis pas "aroused". Par contre, ce qui me fait plus d'effet, c'est l'Eros absolu : le voilé/dévoilé, laisser entrevoir, cela attise le désir et donc le plaisir (bien que le plaisir puisse aussi naître de la contemplation du beau), mais c'est un vrai plaisir-quête de +/désir. Pour moi, la beauté seule n'est pas suffisante, je préfère qu'elle soit animée par une chaleur, un désir de vivre, une certaine impétuosité, qu'elle incarne ce que je n'ose pas être et admire, et aimerais devenir. Mais le désir s'instaure souvent pour des êtres qui ont plus vécu, qui ont ce bonus d'expériences, car ce sont des fils d'Ariane plus intéressants que ceux qui en savent autant que moi. J'aime qu'être avec cette personne soit à la fois un défi et l'impression d'être avec un pair, un sentiment constant de jouer sa place et d'être avec les siens, à sa place.