vendredi 14 mai 2010

Les derniers jours...


Plus que 5 jours sur l'île d'émeraude. Un Bilan s'impose à nouveau. Je lisais l'article d'une copine qui avait passé 3 mois au Brésil et disait que ce séjour avait littéralement changé sa vie. Ca m'a fait tout bizarre de lire ça, car je me disais que mon séjour ici n'avait pas tellement changé ma vie, et j'en étais un peu attristée. Du point de vue compréhension de la vie et de mes priorités oui, mais du point de vue "un pays, des moeurs, une culture exotique", ça n'a absolument rien changé, à part je pense un renforcement net de mon amour pour la France. Ceci dit je vais m'efforcer d'écrire un de ces petits "manquera/manquera pas", juste pour voir...

Ce qui me manquera de l'Irlande :
- les prairies verdoyantes
- l'explosion des fleurs tout partout au Printemps
- l'ambiance des pubs avec la musique traditionnelle
- la gentillesse des irlandais
- le thé et les scones
- les petits plats de Kitty
- ma petite vie avec Gore
- les films le soir dans le lit
- le magasin de perles
- l'odeur de la mer à 10 minutes à pied de la maison
- la classe de 5ème année du mardi et la liberté qu'on avait pour faire des chasses au trésor et autres jeux
- la classe de 3ème année du jeudi et les cours foufous que je faisais avec eux
- les élèves qui me font des dessins et des pièces de théâtre ^^
- les sessions bijoux dans la salle des profs
- les découvertes Black et Death Metal que m'a fait faire Gore
- notre belle famille : Patator, Pandorus, Philou, Gore et moi
- les promenades nocturnes près du port
- l'ambiance déjantée du SheBeen à Dublin dans la rue des bars gays ;-)
- la tarte au saumon de Kitty
- le temps pour penser, écrire, et faire des activités manuelles
- les voyages dans toute l'Irlande pendant les vacances avec les assistants
- les assistants
- les sorties du weekend avec Natacha et les longues conversations!
- les films d'horreur dégueulasses avec Gore, mon maître à penser adoré
- les séances de yoga dans le salon ou le jardin
- les frites du Burger King
- les chocolats chauds du StarBuck
- La Harp et la Bulmers
- le défilé de gens étranges et hétéroclites dans Temple Bar
- la Cow's lane et ses artisans extravagants
- le restau "Queen of Tarts" et son ambiance Alice aux pays des Merveilles
- la joie de pouvoir aller au cinéma en 3D quand on a du fric à dépenser (11,50€ la place!)
- les balades près de la côte
- la colline de Bray
- le bus à 10€ pour traverser l'irlande
- Penneys, paradis des fringues modiques et modes
- l'exotisme de la frontière Eire/Irlande du Nord
- sortir et rentrer à l'heure que je veux
- n'avoir aucun compte à rendre
- les cours avec Suzie
- les habits flash et excentriques
- l'immense liberté de pouvoir se vêtir comme on le veut sans être dévisagé ou violé!
- mon emploi du temps royal
- ma paie
- l'esprit communautaire

Ce qui ne me manquera pas :
- putain, le froid!
- les 10° dans la maison pendant la moitié de l'année
- le coût de la vie excessivement élevé
- la barquette de raisins à 5€35
- la place de cinéma à 10€
- les 150€ de loyer par semaine...
- les élèves méprisants
- les élèves mesquins
- les élèves blasés de tout
- ce putain de Je Comprends Bien à la con (listening comprehension!)
- le fait de ne pas être chez moi
- le fait de devoir partager une cuisine à 5
- le fait de ne pas pouvoir manger avant 15 ou 16h quand des invités squattent la cuisine...
- le fait de ne pas pouvoir se balader en pyjama dans la maison toute la journée
- le fait de ne pas pouvoir cultiver mes propres fleurs et propres fruits dans le jardin
- devoir écouter mes cd sur mon ordinateur portable avec un son pourri
- ne pas pouvoir mettre le son a fond à cause de mes colocs
- vivre loin de la ville
- les transports en commun qui s'arrêtent à 23h30!!!
- les transports en Irlande en général...
- le manque cruel d'amis locaux
- le fait de ne pas pouvoir voir sa famille pendant 5 mois
- le fait de ne pas pouvoir voir ses amis pendant 5 mois
- le manque total d'immersion dans le pays
- la mentalité capitaliste exacerbée
- 50€ la visite chez le docteur même si je n'y vais pas, juste pour le principe...
- le manque cruel de folklore et d'ésotérisme et de légendes
- les illusions balayées par le vent
- le manque de profondeur des conversations des irlandais
- les relations professionnelles beaucoup trop conventionnelles et convenues
- le matérialisme et la surconsommation si ancrés dans la vie des irlandais
- le laxisme de mon établissement
- le foutage de gueule par rapport aux études (dés 11 ans, blasés et paresseux)
- 30 minutes pour faire écrire 15 lignes aux élèves
- "Je suis 18 ans, je détester le frankish" en terminale...
- 11° fin mai l'après-midi...
- la piquette
- les clopes à 8€70 le paquet...
- Dublin, une ville tellement bruyante
- les bus dublinois
- les grandes artères
- le modernisme, le manque d'histoire médiévale
- ma constante frustration langagière, le fait de ne pouvoir traduire exactement mes pensées
- le manque de vraie solitude
- le terrible manque de stimulation intellectuelle
- la pauvre vie culturelle irlandaise (en matière de ce que j'aime pour ne pas faire l'ethnocentrée jusqu'au bout!)
- ce nationalisme excessif et énervant


Ce que j'ai hâte de retrouver en France :
- ma famille!
- mes amis!
- des repas entre potes où on peut rire et se confier
- le soleil!!!
- la Méditerranée et sa chaleur
- la montagne, la vraie!
- les forêts de moyenne montagne
- les marchés en plein air
- les boutiques d'occasion
- les cd pas chers
- les réductions étudiantes
- le cinéma à 3€
- les fruits et les légumes (tout plein)
- les kebabs!!!!
- le vin rouge
- les petites rues labyrinthiques
- les placettes
- les briques et les rues dallées
- la richesse médiévale et historique
- mon jardin
- mes deux gros chats
- Perpignan
- Montpellier
- Paris
- entendre parler français partout
- comprendre tout ce qu'on me dit
- être comprise partout où je vais
- parler avec plein de métaphores et d'allégories et de mots compliqués
- la chaleur des soirs d'été
- le temps idéal en Automne ou au Printemps dans le sud
- mon village
- la poste française
- pouvoir consulter mon compte
- avoir toutes mes fringues avec moi et pas seulement les 20 kilos restreints par l'avion
- traverser les villages du sud en bus (oui, la ctp me manque...)
- la lumière d'une fin d'après-midi dans ma chambre orientée ouest à Pézilla!
- l'intense solitude pour écrire et rêver
- les études
- mettre de la musique à fond et danser n'importe comment dans ma maison!!!



Je ne dirais pas que l'Irlande a changé ma vie. J'ai trop ressenti le manque (amical, familial, affectif...) car je n'ai pas réussi à me faire de vrais amis irlandais. J'ai communiqué avec des collègues, j'ai même sympathisé, mais je n'arrive pas à accrocher réellement avec eux. Je n'ai jamais réussi à avoir une conversation réellement profonde et sincère, c'est pas faute d'avoir essayé. Heureusement, j'avais mon Gore avec moi et une amie française, c'était peu mais c'était très précieux. J'ai pris conscience de l'importance d'avoir de bons amis avec qui partager de belles choses et de bons moments, d'avoir une vraie famille et des gens qui s'intéressent vraiment à nous. D'avoir ces repères immuables. J'ai aussi pris conscience que je ne pouvais pas survivre avec si peu d'activités dans ma vie : je m'empâte physiquement et mentalement! J'ai besoin de beaucoup plus de travail physique, intellectuel, de refaire des études et du sport. J'aurais appris l'importance flagrante pour moi d'aller aussi loin que possible dans les études!


C'est une chance de découvrir une culture et des moeurs différentes. C'est vraiment une chance, on nous propose un autre système et on peut faire la comparaison avec celui qu'on connaît déjà. Tout est remis en question, pesé, et disséqué. On sait maintenant ce qui nous correspond mieux, ce qu'on veut et ce qu'on ne veut pas. Une fois en France, je saurai pourquoi exactement j'aime la France, et pourquoi parfois je n'en suis pas contente. Mais dans l'ensemble, ce voyage m'aura permis de comprendre une chose essentielle : il est très dur de s'immerger et de prendre part activement à une culture différente de celle dans laquelle on a grandi et on a été élevé. Bref, si on est pas irlandais, c'est infiniment dur de se retrouver à 100% dans le mode de vie irlandais, dans la pensée irlandaise. On a pas la même histoire, on ne peut pas s'approprier celle du voisin. Je sais maintenant avec certitude que je ne serais jamais aussi heureuse qu'en France! Je sais aussi que maintenant j'ai besoin de certaines choses qui restent immuables que je sois en France, en Irlande ou a Kualalumpur. C'est clair que j'aurais adoré être littéralement envoûtée par l'Irlande, par sa musique, son folklore, ses mythes et légendes, ses ambiances, ses paysages, mais bien que certains lieux sauvages m'aient conquise, j'ai été déçue par le reste. J'étais beaucoup trop bercée de douces rêveries et autres illusions! Au moins, elles ont été balayées sous le regard de la lucidité pour faire place à la vérité. Celle qui m'appartient et me ressemble désormais. Je demande toujours à être envoûtée par un pays et des moeurs, mais pour cela je ne me ferai pas de cinéma, je ne me conterai pas de belles histoires, je me laisserai juste portée par les ambiances du moment, et les découvertes spontanées! Maintenant, je me dirige vers le soleil, vers le sud, et un mode de vie un peu plus spontané et sociable! oh oui, du contact humain!

Je suis contente d'être partie un an, car j'ai eu la chance de comprendre des choses que je n'aurais jamais comprises ailleurs qu'ici.

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