vendredi 8 août 2008

Naturellement... l'antithèse et la (fou)thèse!

Toutefois, le regard du photographe n'est-il pas une orchestration discrète d'un sentiment général que l'on voudrait communiquer? On choisit délibérément un angle de vue, une vitesse, un éclairage comme on écrit une phrase et on élabore des figures de style pour faire naître un sentiment uniforme dans un texte.

C'est une scène de Closer (le film) qui a remué tout ceci dans ma tête... Alice (Natalie Portman) regarde le portrait qu'a pris la photographe (Julia Roberts) d'elle et ne le trouve pas fidèle au réel. Elle dit alors quelque chose de très pertinent.
Dan and Alice are dressed up and attending Alice's exhibition.
Alice leaves Dan and heads over to her picture.
The doctor walks up.
LARRY: Like it?
ALICE: No.
LARRY: What were you so sad about?
ALICE: Life.
LARRY: What's that then?
Alice laughs.
LARRY: So what do you reckon, in general?
ALICE: You want to talk about art?
LARRY: I know it's vulgar to discuss
the work at the opening of the work,
but somebody's gotta do it.
LARRY: I'm serious. What do you think?
ALICE: It's a lie. It's a bunch of
sad strangers photographed beautifully,
and all the glittering assholes who
appreciate art say it's beautiful
'cause that's what they want to see.
But the people in the photos are sad,
and alone, but the pictures make the
world seem beautiful. So the exhibition's
reassuring, which makes it a lie, and
everyone loves a big fat lie.
LARRY: I'm the big fat lie's boyfriend.
Quand je prends une photo, j'essaie donc de créer de l'unité là où il y a du contingent et du chaos. Parfois, j'ai envie de restituer ce contingent et ce chaos, donc je tente de préserver ces caractères principaux. Mais la plupart du temps,(même si je ne photoshop pas, et je ne parle que du moment où je réfléchis à ma photo) je range, je trie, je sélectionne, je coupe, je monte, je cache, et j'oriente...

En fait je suis une organisatrice d'images dissimulée.

Ce billet pourrait paraître totalement en contradiction avec le précédent dans le sens où j'exposais la joie de vivre un moment pour en prendre une photo et non l'inverse. Mais si j'offre ma photo, j'offre aussi ma perception de la vie. Malgré moi, j'oriente les gens à y voir la même chose que moi. Après, on décide tout seul si y adhère ou non.

Mais quand même! Je ne crois pas à une contradiction. Je pense que derrière tout cela se cache l'envie de transcrire visuellement ce qui nous anime, et ce qui nous rapproche. Peut-être que je parle pour ne rien dire, mais si je peux faire partager quelque chose, qu'on adopte et qu'on soit d'accord avec mon choix, ou que l'on décide d'y voir et d'aimer un peu ce qu'on veut... qu'on choisisse l'unité d'un sentiment ou le contingent niché dans tous les éléments susceptibles de plaire... alors je n'y vois aucun inconvénient!

C'est la fin de ma (fou)thèse. Bref, ouf!

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