mardi 14 décembre 2010

Perpignan

Jamais je ne pensais ressentir un sentiment aussi puissant pour un lieu. Je me moquais bien des chauvins, mais maintenant je commence à saisir cet atavisme, cet attachement fort aux racines. Mes racines sont là bas, c'est là où j'ai grandi, vécu toute mon enfance invariablement, toute mon adolescence, où j'ai découvert la liberté, où j'ai éprouvé des joies, des désespoirs, où j'ai vu les plus beaux couchers de soleil au printemps, où le vent a failli m'emporter, où j'ai pu enlacer la mer Méditerranée jusqu'en septembre et sentir mon coeur battre à l'unisson des vagues brûlantes de poésie. C'est là que j'ai rêvé, heures et journées durant, à des ailleurs que je ne trouverai jamais. C'est là que j'ai appris, que j'ai aimé, que tout a commencé. Et c'est encore là-bas.
Je le sais, quand je reviens, je ressens un intense apaisement. La ville expulse des milliers de moteurs, de cris, de peurs par ses artères encombrées, les gens parlent plus fort qu'ailleurs, brûlent, bouillent, et ce bouillonnement interne est exprimé jusque dans la ville elle-même, sa vive circulation, ses quartiers colorés et chauds, sa lumière dorée et enveloppante. J'aime cette lumière. Tout est plus fort, plus chaud, plus vif, pourtant, en moi la paix se fait. Je suis sereine comme jamais. Je renoue avec mes racines, revois ma maison d'enfance, d'adolescence, les gens qui m'ont entourée, et je me sens si bien! Je n'ai plus besoin de courir à droite à gauche, en quête de je-ne-sais-quoi. Je peux me laisser aller et vivre au rythme des saisons, des journées, des lunes, je suis. Peu importe si je n'ai pas de but immédiat. La rêverie, les balades, et les songes sont autorisés et même inclus dans la vie naturelle de ce lieu. La lumière, la douceur du vent, le chant crépusculaire des oiseaux, les étoiles visibles la nuit, le murmure de la mer, le patchwork des vignes, le charisme des montagnes, tout nous enjoint à prendre le temps de nous arrêter et de contempler, seuls, errants peut-être, mais heureux, remplis.
Je n'ai jamais retrouvé cette paix de l'âme ailleurs que là-bas.
Aujourd'hui je suis loin, je cours, je doute, je questionne, et cours, sans même danser... sans même rêver... tout n'est que praticité, nécessité de savoir TOUT DE SUITE, DEVOIRS... parfaits germes du doute et de la tristesse.
J'aime tout chez moi. J'aime prendre le bus qui s'éternise 45 minutes à faire tous les villages pour aller en ville, j'aime les quartiers cradingues et jouasses du centre, j'aime ces gens qui rient et parlent fort sans vergogne, j'aime la musique à fond des kékés le soir, j'aime mes autochtones de potes, j'aime le dédale des rues, j'aime ce côté village, ce côté cocon, cette proximité, cette curiosité. Car toutes ces qualités me manquent tant d'où je suis...

photos : http://www.visoterra.com/photos-perpignan/perpignan-le-canigou-et-la-tet.html
http://blog.bmykey.com/category/immobilier/actualite-en-france/languedoc-roussillon/pyrenees-orientales/perpignan/

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Nul ne sait où il va s'il ne sait d'où il vient.

Perpignan, j'ai hâte de ma prochaine promenade dans ses rues, avec toi. Jim

Nyx a dit…

J'adore! c'est à présent exactement comme ça que je vois les choses aussi!